samedi 25 avril 2015

Les indiens ont des couilles !

Cancún, le retour. On a débarqué hier soir, chez notre sauveuse de famille mexicaine qui a bien voulu nous garder nos bicyclettes pendant trois mois. Alors Cancún fin avril c'est chaud chaud chaud. 40°C dehors, je tente de ne pas me liquéfier en restant scotchée sous le ventilo... Dernière journée avant de sauter dans l'avion, je crois bien qu'on est prêt. Dix-huit mois en Amériques. Hier on repensait au Canada, au froid qui mord, à la première fois où on a croisé un ours, à notre voiture-hôtel, au départ en vélos... On pensait aussi à la France, au fait que ça va être chouette de retrouver un quotidien, de dormir dans le même lit tous les soirs. Et puis on se disait que ça allait être bizarre de ne plus passer les journées ensemble, qu'il allait falloir se réadapter et que oui, on allait sans doute en chier un ptit moment. Mais on ne rentre pas à contre coeur avec en tête l'idée de remettre les voiles, on pense plutôt à (re)construire au pays du fromage. Et ça tout en se disant que l'on aimerait vraiment revenir dans ce pays, que le nord-ouest de Mexico paraît plus que prometteur et que le Chiapas c'est à côté du Guatemala...
C'est dans cet état que l'on a passé nos quinze derniers jours, dont une bonne semaine à San Cristóbal de Las Casas. De cette ville, tous les voyageurs nous en parlaient. Et c'est vrai qu'il y fait bon vivre : climat agréable (en tous cas au mois d'avril), terrasses omniprésentes, boulangeries françaises, scène musicale dynamique et petits indiens colorés pour l'exotisme ! Beaucoup d’expats ici, un côté très européen presque déroutant aussi. Dans les rues piétonnes tu pourrais être en Italie, en Espagne ou en France, et quelques rues plus loin, tu découvres l'un des marché les plus coloré du pays, animé par les indiennes. Un contraste assez saisissant et au final l'impression d'être dans une ville bien singulière. À cela s'ajoute le poids des revendications indigènes et les révoltes zapatistes passées. Tout à commencé le 1er janvier 1994, date d'entrée en vigueur des accords de libre échange entre le Mexique, le Canada et les États-Unis. Action réaction, soulèvement indigène dans le Chiapas. Le groupe armé EZNL (Ejército Zapatista de Liberación Nacional) occupe le palais du gouvernement de San Cristóbal ainsi que d'autres dans le Chiapas, revendiquant une certaine autonomie, des terres et une justice sociale. On est allé se renseigner sur le sujet, visionnant deux documentaires à la fois durs et instructifs au cinoch du coin.  Et le verdict est dans le titre... Pour info, Zapata c'était le leader de la révolution mexicaine, visant à virer le dictateur au pouvoir. Les zapatistes quand à eux étaient menés jusqu'à peu par le charismatique Subcomandante Marcos. Et dans les boutiques, on peut voir des t-shirt et posters rassemblant les trois trognes de Marcos, Zapata et du Che ! Ça vous donne une idée de l'orientation politique du mouvement.
Bien sûr, les accords d'autonomie n'ont jamais été entièrement signés, même si il y a eu à plusieurs reprises maints espoirs. Mais les indiens sont toujours là, avec leurs rites et leurs coutumes. Nous sommes allés faire les voyeurs à l'église de San Juan de Chamula. Les mexicains nous en avaient touché un mot, les livres en parlaient, n'empêche que l'on ne s'attendait pas à ça. On entre à l'intérieur et le mobilier a disparu, remplacé par un tapis d'épines de pins. Une forte odeur d'encens prend à la gorge, des dizaines de fidèles sont à genoux sur le tapis vert, allumant des bougies aux différentes couleurs. Ici et là on aperçoit une poule, des bouteilles de soda censées faire roter et évacuer ainsi les mauvais esprits... On ne sait pas trop où se mettre, on ne restera pas longtemps. L'évangélisation à fonctionné à sa manière, c'est Saint-Jean qui occupe la place de choix ici, tandis que d'autres saints sont sous vitrines et vêtus d'habits colorés.
Nous avons donc réussi à occuper nos dernières semaines sans trop de problèmes. Je ne dirai pas au revoir aujourd'hui, vous aurez sans doute un petit coucou d’Espagne avant le vrai retour aux choses sérieuses. Enfin si on ne s'est pas noyés dans la sangria...








lundi 13 avril 2015

Le soleil au zenith

Voici à quoi ressemblait Mexico-Tenochtitlan avant l'arrivée de Cortés et ses hommes. Alors oui ça laisse rêveur, surtout quand on connait la réputation de la mégalopole d'aujourd'hui. Cette ville nous faisait pas mal peur, on ne pensait d'ailleurs pas la visiter compte tenu du peu de temps restant et du fait qu'en bonnes tortues que nous sommes, on n'aime guère se presser. Comme on vous le disait, ce sont les vacances de Pâques qui nous ont conduit jusqu'à Mexico, et Alléluia, c'était une drôlement bonne idée. Alors merci les pèlerins en vacances, grâce à vous on a découvert Mexico. Enfin c'est surtout grâce au petit Jésus finalement, alors remercions-le en chanson miniolaenlhonneurdetoi
Cette semaine fut donc un beau bain de foule et de culture dont on se souviendra. On a vu des fidèles à genoux, on a marché sur les traces de Diego Riviera et Frida Kahlo, on a côtoyé le mexicain en vacance, on a fait une overdose d’orgue de barbarie et on a fini par combler notre besoin de voir du vieux cailloux. Étonnement peu oppressés, on s'est aventurés dans les multiples tentacules de la ville et on est allés de surprises en surprises. Du centre historique bondé aux vieux quartiers à l'architecture coloniale en passant par les quartiers branchés et gay, Mexico reste certainement l'une des villes les plus fascinantes que l’on ait visité. Le métro est un spectacle à lui tout seul, les vendeurs ambulants défilant dans les wagons au rythme des stations. Et là encore il y en a pour tous les goûts : superglue, ciseaux, CD gravé des stars du rock, portefeuilles, ardoises pour les enfants, casse-têtes chinois vraiment chinois et caetera. Et bien sûr au milieu de toutes ces affaires en or à diez pesos, diez pesos, diez pesos (en criant et trois fois c'est toujours plus alléchant), on a le droit à de petites chansonnettes offertes par des artistes plus ou moins talentueux mais qui chantent avec le coeur. En somme, un beau bordel organisé et surtout des sourires. C'est fou ce qu'ils sourient ces mexicains et nous ça nous met bien la pêche parce qu'ils sont beaux avec leur sourires. 
Causant ainsi zygomatiques, la transition avec notre court séjour sur les plages du Pacifique sud est toute trouvée. On a quitté la grande ville via un long, très long trajet de bus, destination Puerto Angel, petit port de pêcheurs haut en couleurs. Ambiance étrange sous cette latitude, on voulait causer avec les pêcheurs pour qu'ils nous embarquent (littéralement) avec eux, mais aux vues des faciès serrés, on s'est abstenus. On a quand même passé un très bon moment, on va pas se mettre à geindre parce qu’on a les miches au soleil. Et puis on nous avait parlé de Mazunte, plage paradisiaque peuplée d'une faune jeune et festive non loin de là. On est allés a Mazunte et effectivement ce lieu a bien un petit goût de paradis. On a dormi les pieds dans le sable pour trois fois rien, faisant mumuse avec les vagues dans une eau turquoise à 30°C pendant trois jours. Une semaine à la plage je crois que c'est malheureusement le maximum pour nos organismes. On n'a pas de dreadlocks, on ne fait pas de guitare, on met des tongs dans les rues au lieu d'être pieds nus et on craint trop l'addition sel et sable pour rester scotcher dans de tels endroits. Peut être que quelques années en arrière ça m'aurait fait plus marrer, sûrement d'ailleurs. Ceci dit, on rigole quand même. Un français nudiste le jour et aux pieds nus le soir ainsi que son copains mexicain au bras cassé et complètement bourré (oui, il faut en effet y voir une corrélation) nous ont d'ailleurs bien amusé. On a eu droit à une leçon de vie hippie très instructive et on a même eu l'honneur d'être "invité" dans leur posada de San Cristóbal où ils se rendaient, à condition je cite "que l'on se contente d'une ambiance à la cool, avec une cuisine, et que l'on arrive à se mêler à la onda extraordinaire des artisans". Vous aurez donc compris qu’on a décliné l'invitation. Mais ça c'est sûrement parce que, et je cite toujours, "ça se voit que l'on a passé du temps en Amérique du Nord et que l'on ne peut pas comprendre la onda du sud". Je vous l'avais dit, on rigole bien. Et on va continuer de rigoler comme ça encore quinze jours. Nous voici dans le Chiapas, au milieu des montagnes, dernier havre de paix avant de retrouver nos amis et nos familles qu'on a envie de serrer dans nos bras. À très vite donc.