mardi 15 avril 2014

Plutôt crêpes ou pancakes ?

Ah la québéquie ! C'est beau la québéquie ! Et qu'est-ce qu'ils sont sympas ces québécois !
Ça y est, on vient définitivement de valider l'hypothèse d'une éventuelle schizophrénie des canadiens. C'est l'Ours Martin qui cogite la dessus depuis quelques mois. Deux influences opposées et un Quebec qui contraste incontestablement avec le Canada qu'on appréhende depuis cinq mois maintenant. Tant est si bien qu'une fois arrivés dans les rues de la vieille ville, on a presque  eu l'impression d'être en France... Boulangeries, magasins bio, grandes chaines de fast-food invisibles (ou inexistantes ?), fromageries, saucissons et tout le toutim. Vous vous en doutez, on a fait une petite cure de bon manger et étrangement,  le point culinairement culminant ne fut pas la redécouverte du fromage mais plutôt le crabe tout frais que nous a fait déguster notre poissonnier québécois d'hôte. On a raté le homard dans les maritimes mais on était là pour l'ouverture du crabe à Quebec ! 
Pour ceux qui voudraient savoir comment s'est passé notre séjour en Gaspésie, il y a eu un léger contretemps faute d'organisation. Non motorisés, on a décidé que la Gaspésie se passerait de nous et on a filé à Quebec en testant le covoiturage, convivial et moins dispendieux que le train ou le bus. Cet incident lié à la motorisation nous a donné quelques idées pour la suite, et on vous en dira sans doute plus dans quelques semaines. 
Page touristique étant faite, on n'est pas au Quebec pour enfiler des perles et bouffer du crabe. Notre mission initiale était de s'introduire dans une cabane à sucre pour voir un peu à quoi ressemble la fabrication du ô combien célèbre sirop d'érable. Et bingo ! Ça n'arrête pas de fumer dans la cabane ! Ça coule dans les arbres, ça bout, ça fume et ça évapore sec. Ça bout tellement du tonnerre qu'on dirait la cabane de Panoramix. C'est une vrai institution, le sirop est décliné sous tout un tas de formes et croyez-nous, ça goûte bon ! On a donc le sirop d'érable, le beurre d'érable, le vinaigre d'érable (miam !), le réduit ou encore la tire ! Le réduit est moins concentré que le sirop et on l'accommode volontiers avec un brandy, on le fait juste bouillir moins longtemps pour que ça soit moins sucré. La tire, c'est le plus drôle pour les petits. On fait bouillir une nouvelle fois du sirop déjà près et on le monte à une température supérieure. Après ça, on répand le liquide sur la neige pour qu'il refroidisse très vite et on munie la horde d'enfant de bâtonnets en bois. Et c'est parti pour la fabrication instantanée de sucettes au sirop d'érable ! Re Miam !  
Le druide local est très jovial et les autres compères le sont tout autant. On vient de débarquer dans ce qui est à ce jour l'endroit le plus familier du voyage. Une bande de potes trentenaires qui ont il y a dix ans de cela décidé de tenter l'aventure maraîchère ensemble. Chacun sa spécialité, deux-cent paniers à livrer, et rouler jeunesse ! Des enfants de partout, un bon réseau de granolas (mot québécois désignant les hippies en sandales mangeurs de graines) tout autour, on est vraiment pas très loin de ce qui se fait chez nous... Et il se pourrait bien qu'on s'y plaise énormément. Diable, ne pas se faire attraper ! Hum, heureusement que l'appel de l'ouest est encore bien présent... On devrait donc quitter le village des valeureux résistants québécois d'ici la fin des sucres. Alea Jacta Est ! Ou pas ?






mardi 8 avril 2014

Walker Texas Ranger

Nous voilà de retour, et en terres francophones qui plus est. On est arrivée en quebequie il y a quelques jours, mais ça, on vous en parlera dans un autre épisode...
On va plutôt vous raconter la fin de nos aventures en Nouvelle-Ecosse, avec un soleil partiel comme vous pouvez le constater. On tient le bon bout même si l'hiver nous fait encore des blagues et nous réserve quelques petites tempêtes de neige surprises.
Notre wwoofing à la Cochrane Family Farm s'est terminé en beauté. Ils ont gagné nos faveurs, c'était un super endroit même si il faut le dire, ils étaient un peu allumés du bocal... Question de culture on suppose. Un besoin de protéger ses biens, sa famille et sa propriété (avec des armes on entend, du bon vieux flingue au couteau toujours à la ceinture et au bâton, plus facile à attraper en cas d'attaque inopinée) ; un faible pour les zombis et un entrainement à leur éventuelle arrivée ; des conserves en tous genres planquées dans les murs ; des autocollants de la NRA un peu partout donc on suppose qu'ils en étaient membre, mais que dirait Micheal Moore ? Bref, une belle immersion en terres nords-américaines.
C'est assez fou parce que malgré ce fossé qui sépare nos modes de vies respectifs, on a passé un mois plutôt incroyable dans cette famille. On s'interroge pas mal sur l'isolement de la population dans les campagnes canadiennes. C'est peut être bien en partie à cause d'un éloignement certain que cette peur de l'inconnu s'installe. On a qu'à regarder les vieux dans nos campagnes françaises, de vrais modèles d'ouverture d'esprit !
La valeur famille semble également avoir plus de poids chez les ruraux, s'accompagnant parfois du choix de l'école à la maison pour les enfants. Et pour le coup, ce dernier point, on l'a appréhendé, observé et donc un peu beaucoup commenté ces dernières semaines. Verdict ? Ces ados ont de l'or dans les doigts, de belles et saines valeurs mais le jour où ils vont être confrontés au monde, ça va faire mal ! Et c'est la même chose pour les supers hippies, les très religieux et Cie. C'est une bien jolie bulle, mais quand elle pète ta jolie bulle, je voudrais pas être là pour enlever le chewing-gum qui colle aux cheveux. Notre famille en question avait en réalité deux bulles distinctes : la bulle de la ferme avec les salades bios, les graines germées, les cochons et les canards, et la bulle Walt Disney. Le paradis des vacances dans cette famille se trouve en Floride, à Disney World. Les ados de treize à dix-huit ans passent ainsi de leur quotidien de fermiers isolés, au monde magique de Disney qui les fait rêver. Conclusion de l'affaire, on a été bien rassuré quand on a rencontré notre hôte couchsurfing d'Halifax qui a une fille de 18 ans avec un piercing au pif, des copines qui vomissent dans la salle de bain familiale et des envies de découverte.
On a quitté la ferme il y a tout juste une semaine, presque la larme à l’œil mais avec un sentiment de satisfaction et d'accomplissement. Notre ranger de Frank nous a emmené à la gare de bus, arborant son chapeau de cow-boy préféré et estampillé Walt-Disney. De là, on a mis le cap plus au sud, direction Halifax où l'on s'est mangé une belle tempête du 1er avril, et c'était pas une blague.  Le temps d'une après-midi dans le blizzard et d'une jolie soirée Airbnb avec des canadiens de l'ouest nouvellement arrivés dans l'est.
Pour la première fois, on a décidé de louer une voiture afin de parcourir le sud de la Nouvelle-Ecosse. Et c'est quand même sacrément pratique d'être motorisé au pays de l'automobile. La surprise de la journée, outre les paysages côtiers à couper le souffle, c'est une rencontre du troisième type. Des aventures, chouette alors ! Une route nationale toute droite, une vitesse limitée à 100km/h, pas un chat, on est comme perdu au milieu de nulle part. Rectification faite, on n'est pas tout à fait seuls. On croise deux voitures, une d'entre elles fait demi-tour juste après nous avoir croisé et c'est bizarre, elle fait du bruit et de la lumière qui clignote. Et là j'entends l'ours Martin qui me dit "Putain Ana". Je regarde dans le rétro, je change de couleur, et après quelques centaines de mètres, je me gare sur le côté. Nous voilà présentement arrêtés par la police canadienne pour excès de vitesse, 20km/h au-dessus du maximum autorisé. Je vois d'ici la tête de mes vieux parents ! Ne me jeter pas la pierre, sinon je reparle des lapins patagons ! Bref, on dit qu'on est français, qu'on était volontaires dans une ferme, qu'on fait les touristes. Après dix longues minutes à patienter dans la voiture, à me cogner la tête en disant que je suis bien débile, retour du policier qui nous informe en français que les amendes pour excès de vitesse en Nouvelle-Ecosse sont très dispendieuses (oui, oui, chez les canadiens français, l'adjectif dispendieux est encore très utilisé...). En effet, plus de 300$ et un retrait de permis de cinq jours ! Policier clément, plus que clément, il nous laissera repartir avec un avertissement, on a eu très très chaud aux miches ! Merci Monsieur, je ne recommencerai plus ! A titre de comparaison, c'est 250$ si un flic vous attrape en train de jeter un déchet par la fenêtre de votre voiture...
Remis de nos émotions, on aura une fin de séjour en Nouvelle-Ecosse bien plus calme. La preuve ci-dessous avec quelques clichés des bébés cochons et de la côte...